jeudi 4 avril 2013

Le manque de variété alimentaire une cause de la malnutrition?






Cette question me trotte dans la tête depuis mon arrivée à Solenzo, car en fait, je souffre moi-même d’un manque de variété alimentaire. À Solenzo, nous sommes loin des villes et du coup la nourriture que l’on peut se procurer est limitée.

Dans l’alimentation générale du coin, qui est en fait minuscule, je peux me procurer de l’eau, des œufs, des pâtes, des sardines et… pas grand-chose d’autre. Il faut attendre au lundi, le jour du marché, où je peux enfin trouver une variété restreinte de légumes comme des tomates, oignions, chou et concombres. En brousse, ce sont les aliments que l’on cultive dans la province que l’on peut se procurer, donc ce sont les fruits et légumes de la saison qui sont disponibles.

 Quant au fruit, aucun autre fruit n’est disponible pour le moment que les bananes. Vous devinerais donc que je mange beaucoup de banane ! Présentement, ce n’est pas la saison d’aucun fruit et c’est la saison qui fait pourtant le plus chaud. Comment fait-on pour survivre à 45 degrés sans manger de bons fruits ? Mes habitudes d’Occidentaux j’imagine…
 Bientôt les mangues et j’ai hâte, hâte !!
Étonnamment, je suis dans une province où l’on cultive et produit beaucoup de céréales. Cependant, les gens cultivent des céréales, seulement des céréales et encore des céréales. Ils cultivent le mil, beaucoup de mil. Cette céréale s’apparente au blé et il est possible de faire le Too et de la bouillit avec cette céréale; les deux repas les plus consommés au Burkina Faso. Quand je parle les plus consommés, c’est pour ne pas dire toujours ! Le matin c’est la bouillit non enrichit, il suffit de mélanger eau, farine de petits mils et du sucre pour donner un mélange ressemblant à du gruau. Pour le souper c’est le too avec une variété de sauce. Il y a sauce de Gombo, sauce de feuille de baobab, sauce de graine de coton, etc. Et oui on récupère même la graine de coton pour la manger… qui aurait cru ?
 La question ne se pose pas, pour le dîner et le souper,c’est le too voyons !
Deux repas avec si peu de nutriments ne suffisent pas à nourrir des enfants en pleine croissance. C’est la raison pour laquelle la démonstration culinaire est importante, afin qu’ils incluent dans leur bouilli des aliments nutritifs, autres qu’à base de glucide.
Je suis moi-même rendue une consommatrice abusive de too. Chaque jour, un bon repas de too avec une chaleureuse famille africaine est bien apprécié. Je m’étonne parfois à manger deux repas de too par jour. Mais pas trop souvent de féculents s’il vous plait !

Un autre phénomène existe aussi au Burkina. En fait, les gens qui cultivent, cultivent pour vendre et non pour consommer. Cela dit, les récoltes servent seulement à vendre et ensuite, l’argent qu’ils récupèrent servira à aller à l’hôpital. La roue tourne, elle tourne ! 


Cultiver-> TOUT vendre -> mauvaise alimentation -> propice à une dénutrition, infections… -> maladies contractées -> centre de soins de santé

C’est malheureux de tout vendre et de garder l’argent pour autre chose que la nourriture. Mieux manger = meilleure santé pourtant !
La malnutrition est une fâcheuse roue tournante. Je crois fermement que l’éloignement de Solenzo et le manque de variété alimentaire sont une cause de la malnutrition.

Ensuite un panier m’est tombé du ciel cette semaine. Un panier de fruits ; pleins de fruits. Un enfant qui vient de recevoir un cadeau pour noël, ils auraient dit ! En mangeant mes bons fruits comme papaye, mangue, orange, ananas, je me suis trouvée privilégiée d’avoir accès en tout temps à ces fruits dans mon pays au Canada. Sans ce posé de question, nous consommons de tous les fruits et ce à la longueur de l’année. Des fraises, framboises en hiver et des mangues alors que nous n’avons même pas de manguiers au Québec. Sans aucun doute, les fruits font partie intégrante de notre alimentation et sont recommandés par le guide alimentaire canadien. Dans le district de solenzo comment les fruits peuvent figurer sur le guide alors qu’il n’y a pas de fruit…pas de fruit ?  Maintenant, je mange de ses succulents fruits en compatissant avec la population de solenzo qui n’y ont pas accès ! Je dois d’ailleurs remercier Mme Lazure et M. Levesque pour ce panier de fruits dont je savoure pleinement.

Lisez et imprégné vous de ceci :

« Et un marchand dit : Parlez-nous d’acheter et de vendre. Et il répondit : A vous la terre concède son fruit. Et si vous savez en emplir vos mains, jamais plus vous n’éprouvez de besoin. C’est en échangeant les dons de la terre que vous connaîtrez l’abondance et serez satisfaits. Mais, à moins que cet échange ne se fasse dans l’amour et l’affable justice, il entraîne les uns à l’avidité et les autres à la faim. »
-Khalil Gibran-






Le marché, les lundis. Il est possible de se procurer légumes et tout autre condiment dont j'ai besoin pour ma survit ! Les gens partent de bobo-Dioullaso et de temps en temps, si je suis chanceuse, je tombe sur une dame qui vend des carottes.

 Le too, Miam.

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