jeudi 18 juillet 2013

Du beurre de Karité à profusion pour l’association Gnongondémè / Benkelekan et du courage pour une femme atteint de VIH.



Le syndrome du voyageur le plus populaire est celui de profiter du moment présent et d’oublier de donner des nouvelles sur son blog. Encore plus de profiter du moment présent quand le palu (malaria) fait son apparition dans ton petit corps sain. Une ambulance, quelques perfusions intraveineuses, 3 jours hospitalisés, le corps qui te martèle de couteau, hypoglycémie, douleurs à la tête, manifestation intestinale de toute sorte, effets secondaires de fou des médicaments, pas de médecin à Solenzo, moi pour me gérer… eh oui j’ai bien eu le paludisme dans le fin fond de l’Afrique. C’est maintenant que je débarque à Solenzo ! Aujourd’hui, c’est la fatigue, mais une bonne récupération en cours avec encore quelques désagréments, au moins c’est sur la bonne voie de guérison.

 Bien que je m’excuse de ce contre temps voilà qu’aujourd’hui, je vous présente deux associations : l’association Gnongondémè et Benkelekan. Je ne vous l’avais peut-être pas encore mentionné, mais dans mon mandat, je dois appuyer ces deux associations. Tout d’abord, il y a l’association Gnongodémè qui est située à Solenzo. L’argent que cette association récolte avec les savons à base de beurre de karité qu’elles fabriquent est le revenu principal pour chacune de ces femmes. Le projet P.A.SM.E leur a permis d’acheter des moules en métal, afin de modeler le savon dans son étape finale de la préparation. Le petit revenu qu’elles sont capables d’amasser permet à ces dames d’amener un peu de sous dans la famille et surtout de promouvoir la femme à sa juste valeur. Avec les bénéfices qu’elles amassent, elles peuvent désormais envoyer les enfants malades de l’entourage dans les centres de soins de santé. En plus, de fabriquer le savon, elles sensibilisent la population sur plusieurs sujets concernant les saines habitudes de vie, alimentaire et de l’éducation. Certes, elles n’ont pas de formation spécifique en rien, mais l’important c’est de promouvoir des bonnes pratiques à son entourage dans les villages. Composées de 30 femmes et uniquement d’ethnie Bwaba une difficulté se fait ressentir, celle d’être en désaccord avec les femmes de l’ethnie Mossi.  Comment maintenant sensibiliser l’autre camp ? J’en suis venue à la conclusion qu’un camp vaut mieux que zéro. L’ethnie mossi devra attendre. J’ai donc eu la chance de discuter avec cette association sur plusieurs sujets qui à trait à la nutrition, malnutrition et l’allaitement maternel exclusif. L’association Benkelekan quant à elle, se situe à Kouka et dans l’ensemble fait les mêmes activités que l’association Gnongodémè. Bientôt, j’aurai la chance de former ces deux associations sur la méthode F.A.R.N (Foyer d’apprentissage et de réhabilitation nutritionnel) afin qu’à leur tour elles puissent faire des démonstrations culinaires et sensibiliser la population sur de meilleures pratiques alimentaires. J’adore travailler avec ces associations, car ces femmes sont simples et même si elles n’ont jamais été à l’école, elles ont une envie incroyable d’apprendre avec moi. Samedi passé, j’ai été à Kouka afin d’aller parler un peu avec l’association Benkelekan. Une dynamique surprenante se fait ressentir, car les femmes cette fois-ci participent aux discussions qui normalement ont l’habitude d’être un peu gênées. Une grande difficulté est que je ne parle pas suffisamment le Dioula pour communiquer seule avec ces femmes.  Chanceuse comme je suis et comme je l’ai toujours été, il y a Élise la coordonnatrice de REVS + avec qui je travail qui vient avec moi à chaque fois et qui m’aide à traduire tout ce que je veux dire avec ces femmes.

Quand une femme fait naitre une association


Je tiens vraiment à vous présenter cette femme qui est une source d’inspiration pour moi. Il y a quelques années de cela déjà cette femme apprend qu’elle a le VIH. Peu de temps après son mari, décède suite à cette maladie. Un mari perdu et une nouvelle maladie, rien n’est évident. Avec cette peine et cette perte qui lui ronge l’esprit, elle décide de se rendre à Bobo-Dioullaso où elle avait déjà entendu dire qu’une association sur le VIH-SIDA existe. Quelques semaines après, elle faisait déjà les démarches pour crée une association contre la lutte VIH-SIDA à Solenzo. En fait, ce serait une antenne de l’association REVS+ qui est située à Bobo-Dioullasso. Subséquemment, l’association nait et Élise devient présidente de cette association. Du courage, mais surtout un détachement des multiples critiques que peut lui faire un petit village. Des commentaires comme regarder les sidéens ou encore j’ai entendu dire qu’avec une poigner de mains je pouvais attraper le VIH… C’est le genre de commentaire que tu n’as pas besoin d’entendre quand, en plus, tu dois toi-même accepter la maladie que tu as. L’association a débuté toute petite en 2005, mais maintenant le siège devient de plus en plus grand et même si des jugements se font encore sur leur état de santé, il ne s’arrête pas pour autant d’aider la population en les sensibilisant sur différents sujets. Je trouve cela courageux d’affronter les regards discriminatoires. Aujourd’hui, la présidente de REVS+ Solenzo a de quoi être fière de ce qu’elle a accompli. Des projets qui ne cessent de grandir et une femme qui a eu du cran d’affronter ce que plusieurs personnes n’osent dire.