Le syndrome du voyageur le plus
populaire est celui de profiter du moment présent et d’oublier de donner des
nouvelles sur son blog. Encore plus de profiter du moment présent quand le palu
(malaria) fait son apparition dans ton petit corps sain. Une ambulance,
quelques perfusions intraveineuses, 3 jours hospitalisés, le corps qui te
martèle de couteau, hypoglycémie, douleurs à la tête, manifestation intestinale
de toute sorte, effets secondaires de fou des médicaments, pas de médecin à Solenzo,
moi pour me gérer… eh oui j’ai bien eu le paludisme dans le fin fond de
l’Afrique. C’est maintenant que je débarque à Solenzo ! Aujourd’hui, c’est la
fatigue, mais une bonne récupération en cours avec encore quelques
désagréments, au moins c’est sur la bonne voie de guérison.
Bien que je m’excuse de ce contre temps voilà
qu’aujourd’hui, je vous présente deux associations : l’association Gnongondémè
et Benkelekan. Je ne vous l’avais peut-être pas encore mentionné, mais dans mon
mandat, je dois appuyer ces deux associations. Tout d’abord, il y a l’association
Gnongodémè qui est située à Solenzo. L’argent que cette association récolte
avec les savons à base de beurre de karité qu’elles fabriquent est le revenu principal
pour chacune de ces femmes. Le projet P.A.SM.E leur a permis d’acheter des
moules en métal, afin de modeler le savon dans son étape finale de la
préparation. Le petit revenu qu’elles sont capables d’amasser permet à ces
dames d’amener un peu de sous dans la famille et surtout de promouvoir la femme
à sa juste valeur. Avec les bénéfices qu’elles amassent, elles peuvent
désormais envoyer les enfants malades de l’entourage dans les centres de soins
de santé. En plus, de fabriquer le savon, elles sensibilisent la population sur
plusieurs sujets concernant les saines habitudes de vie, alimentaire et de
l’éducation. Certes, elles n’ont pas de formation spécifique en rien, mais
l’important c’est de promouvoir des bonnes pratiques à son entourage dans les
villages. Composées de 30 femmes et uniquement d’ethnie Bwaba une difficulté se
fait ressentir, celle d’être en désaccord avec les femmes de l’ethnie Mossi. Comment maintenant sensibiliser l’autre camp ?
J’en suis venue à la conclusion qu’un camp vaut mieux que zéro. L’ethnie mossi
devra attendre. J’ai donc eu la chance de discuter avec cette association sur
plusieurs sujets qui à trait à la nutrition, malnutrition et l’allaitement
maternel exclusif. L’association Benkelekan quant à elle, se situe à Kouka et
dans l’ensemble fait les mêmes activités que l’association Gnongodémè. Bientôt,
j’aurai la chance de former ces deux associations sur la méthode F.A.R.N (Foyer
d’apprentissage et de réhabilitation nutritionnel) afin qu’à leur tour elles puissent
faire des démonstrations culinaires et sensibiliser la population sur de meilleures
pratiques alimentaires. J’adore travailler avec ces associations, car ces
femmes sont simples et même si elles n’ont jamais été à l’école, elles ont une
envie incroyable d’apprendre avec moi. Samedi passé, j’ai été à Kouka afin
d’aller parler un peu avec l’association Benkelekan. Une dynamique surprenante se
fait ressentir, car les femmes cette fois-ci participent aux discussions qui
normalement ont l’habitude d’être un peu gênées. Une grande difficulté est que
je ne parle pas suffisamment le Dioula pour communiquer seule avec ces
femmes. Chanceuse comme je suis et comme
je l’ai toujours été, il y a Élise la coordonnatrice de REVS + avec qui je
travail qui vient avec moi à chaque fois et qui m’aide à traduire tout ce que
je veux dire avec ces femmes.
Quand une femme fait naitre
une association
Je tiens vraiment à vous
présenter cette femme qui est une source d’inspiration pour moi. Il y a quelques
années de cela déjà cette femme apprend qu’elle a le VIH. Peu de temps après
son mari, décède suite à cette maladie. Un mari perdu et une nouvelle maladie,
rien n’est évident. Avec cette peine et cette perte qui lui ronge l’esprit,
elle décide de se rendre à Bobo-Dioullaso où elle avait déjà entendu dire qu’une
association sur le VIH-SIDA existe. Quelques semaines après, elle faisait déjà
les démarches pour crée une association contre la lutte VIH-SIDA à Solenzo. En
fait, ce serait une antenne de l’association REVS+ qui est située à Bobo-Dioullasso.
Subséquemment, l’association nait et Élise devient présidente de cette
association. Du courage, mais surtout un détachement des multiples critiques
que peut lui faire un petit village. Des commentaires comme regarder les
sidéens ou encore j’ai entendu dire qu’avec une poigner de mains je pouvais
attraper le VIH… C’est le genre de commentaire que tu n’as pas besoin d’entendre
quand, en plus, tu dois toi-même accepter la maladie que tu as. L’association a
débuté toute petite en 2005, mais maintenant le siège devient de plus en plus
grand et même si des jugements se font encore sur leur état de santé, il ne
s’arrête pas pour autant d’aider la population en les sensibilisant sur
différents sujets. Je trouve cela courageux d’affronter les regards discriminatoires.
Aujourd’hui, la présidente de REVS+ Solenzo a de quoi être fière de ce qu’elle a
accompli. Des projets qui ne cessent de grandir et une femme qui a eu du cran d’affronter
ce que plusieurs personnes n’osent dire.