Le C.M.A de Solenzo
Laissez-moi vous brosser un
portrait de mes deux derniers jours passés en maternité. Le médecin-chef de
Solenzo, me réquisitionne pour venir les aider; au secours, les infirmiers
(ères) sont en grève et l’absence du personnel est à l’apogée. Le personnel
médical grève et se soutiennent, et oui, même en brousse. Les mesures pour revendiquer
ce qu’ils veulent sont drastiques; personnel minimum, en fait, je devrais dire
pas de personnel…En conséquence, le médecin-chef se retrouve avec la
responsabilité du centre de soins de santé à lui seul. Bien évident que je ne
peux pas les laissé tomber, je suis infirmière et peut donner un coup de main.
Jeudi matin, je me présente à la maternité en sachant très bien qu’ils avaient
besoin d’aide, en fait je devrais dire qu’elle avait besoin d’aide. La sage-femme
qui est là depuis le matin, est seule (personnel minimum), normalement elles sont
deux ou trois. Quatre femmes sont en travail, une arrive en ambulance pour
anémie sur grossesse et à besoin de transfusion. Malheureusement, son groupe
sanguin se fait rare 0 positif et aucun sang n’est disponible. Trois femmes
accouchent durant la matinée. Vers 13h une nouvelle sage-femme qui pour la
première fois met ses pieds dans le CMA (centre de soins de santé) doit rester
seule. Souvenez-vous…personnel minimum ! Une chance que je sais moindrement
comment la maternité roule sinon rien n’aurait pu fonctionner. La nouvelle n’a
jamais fait d’accouchement depuis la sortie de l’école, même pas d’épisiotomie ou de suture. Deux femmes accouchent dans l’après-midi ou
j’aurais dû dire, j’ai accouchée deux femmes dans l’après-midi. Et l’une des
deux femmes à eu plus de complication, la tête du bébé ne passait pas, je vous
laisse deviner la suite… !!
À 17h30, la nouvelle me
dit : « moi je pars, je suis supposée de partir à 17h » !
Je lui réponds : «
Quoi tu ne peux pas me laisser seule en maternité, je suis canadienne,
étrangère, non burkinabé, non sage-femme et ne veut pas prendre la
responsabilité de la maternité !!!
18h00 : Elle était déjà
partie. L’homme qui accompagnait la femme qui fait une anémie sur grossesse
vient de me dire qu’ils ont été faire une annonce à la radio, afin de trouver
un donneur compatible. Fiou !
Vers 18h20, j’étais seule dans la
salle d’accouchement avec une dame qui ne parle pas le français et le col est
dilaté à 8… La dilatation est complète à 10 .
18h30 : Dr, X , le médecin
chef vient à ma rescousse. J’ai eu le temps d’enfilé un tablier, lunette, gants
stérile et me voilà avec un autre bébé naissant dans les mains. Aleluia !
19h30 : Après tout cette aventure
et cette bordélique journée. Je me retrouve à quatre pattes par terre en train
de stérilisé du matérielle pour les prochaines accouchements avec le médecin
chef. Qui aurait cru, un médecin chef en train de stériliser du matériel.
Sept accouchements et je me
disais qu’une chose : Merci dieu de m’avoir envoyé au Mali. J'ai pu
apprendre lors des accouchements là-bas. Cet enseignement ne m’aura jamais été
autant utile que ce jour-là.
19h45 : Un donneur qui a
entendu l’annonce à la radio vient offrir son sang, pour la dame en question.
21h00 : une femme enceinte
se présente au CMA. Un autre docteur arrive et je suis épuisée. Je quitte le CMA...enfin.
Brousse, brousse, brousse quand
tu me tiens !
Il faut bien admettre que cette grève était assez intense. Elle est maintenant terminé et je peux vaquer à mes autres occupations de façon pénard. En temps normal. je ne suis pas là pour faire des accouchements, mais de voir les médecins se démener comme cela à cause d'une grève, je ne peux pas croiser les bras.