vendredi 26 avril 2013

Être ou ne pas être.



-M’imprégné et faire partie intégrante des gens Burkinabés qui m’entoure dans mon village : être

-Regarder les majestueuses étoiles le soir en plein cœur de brousse : être 

-Passer à deux cheveux de faire un accident avec âne, porc où toute autre bête vivante dans les parages : ne pas être

-Le rapport au « temps » des Burkinabés  (Tu n’es jamais en retard nulle part. Si on dit 8h, il suffit de te présenter avant 10h !) : être

-La pluie et le vent : être 

-Une toubabou ( blanche) parmi les farafis ( noirs) : être

-Prendre un petit car durant 4 h. qui ressemble à un chiken bus pour se rendre en ville : ne pas être

-Ne pas avoir de fruits à Solenzo : ne pas être

-Partir en mobylette dans le  fin fond de la brousse : être

-Avoir le syndrome de l’estomac du voyageur : ne pas être

-S’asseoir, causé et boire le thé : être

-Avoir tous les privilèges possibles dans solenzo à cause que tu es une toubabou : être

-40 dégrée : ne pas être

-Apprendre et parler le Dioula (langue local) : être

-Travaillé en contexte africain : être

-Tomber malade en Afrique : ne pas être

-Face à face avec un scorpion : ne pas être

-Inchalla ( si dieux le veux) : être

-les cérémonies traditionnelles : être

-Gouter à de nouvelles noix, feuilles…en provenance de la brousse : être

- Un décès d’un enfant de moins de 5 ans : être, parce que je souhaite du plus profond de moi qu’un jour il n'y aura plus de décès et deviendra être.





mercredi 17 avril 2013

Mode d'emploi: comment survivre à la chaleur




Vivement la saison des pluies pour que cette chaleur insupportable ne cesse. On roule sur la droite, on roule sur la gauche, mais pas question de croiser les jambes ni de rester sur le dos,  sinon la sueur risque de traverser chaque pore de notre peau et, bientôt risquer d’avoir l’impression d’être au beau milieu d’un lac à même son lit. La chaleur vous dite ? Elle existe ça c’est vrai. Un 37 degré la nuit, ensuite un 42 degrés le jour t’empêche de respirer à souhait.

Le mois d’avril est le mois le plus chaud et maintenant, je comprends bien sa signification. En Dioulla, on appelle le mois d’avril Funtenibakalo ! Cela veut dire :funteni pour chaleur, ba pour beaucoup et kalo pour mois = beaucoup de chaleur dans ce mois !
Pas de courant la nuit, une température ressentit dans son moindre sens. Je peux maintenant comprendre pourquoi le travail est au ralenti et pourquoi c’est la pause de midi à 15h. C’est tout simplement impossible de travailler avec une chaleur de ce genre. Les gens dorment même au travail, et je les comprends ! Un peu plus et j’irai les rejoindre, une chance que je reste professionnelle !
Je succombe, je le vis et je sus !
Je me pose encore cette question : comment peut-on travailler dans un bureau sans ventilateur avec un 40 degrés ? 


Une chose certaine, je profite du mois d’avril pour aller dans un verger situé à 3 km de solenzo en brousse, afin de me rafraîchir un peu.  De temps en temps, le vent souffle et la fraicheur des manguiers nous caresse les narines. Au moins, une fois par semaine on embarque sur notre vélo et on roule jusqu’à ce verger durant notre longue pause du diner. Ensuite, nous retournons reposer (et en sueur) au travail.

La fin de semaine, il est possible de s’éloigner un peu plus de mon village en mobylette. Nous allons en brousse : la vraie. La fin de semaine passée, nous sommes allés à Batigna, s’asseoir sous un manguier pour causer, manger et boire en bonne compagnie. La fraicheur était au rendez-vous et la vie est belle… malgré cette chaleur.

À batigna: petit village en brousse.


 
Yoro Gwanni bee bii dè ! … Cela veut dire : Il fait très chaud aujourd’hui.  Voilà ma phrase la plus souvent formulé ces temps-ci !
Je vous avoue que j’envie la brise de la baie-des-chaleurs…Juste un peu, vraiment juste un peu !:)






dimanche 14 avril 2013

Les nomades non nomades.





De temps en temps, j’ai des surprises… bien concentré sur mon ordinateur, je me lève les yeux et un dromadaire apparait. Je sors dehors et crie à l’homme sur le dromadaire de venir me voir ! Na yan … Il arrive à pas de de dromadaire. Les salutations se font dans un respect inouï. Cet homme me dit qu’il arrive de goromgorm au nord du Burkina Faso. En fait, il est installé dans ce village, mais lorsque l’argent se fait rare, surtout en saison sèche, ils partent à dos de dromadaire faire un peu de « nomadisme », afin de trouver de l’argent.
Il fait asseoir le dromadaire et demande au dromadaire : E foli kè ! En fait, il veut que le dromadaire me salue. Le dromadaire se couche la tête au sol et reste dans cette position d’obéissance pendant quelques secondes. Cette majestueuse bête écoute presque plus qu’un chien et c’est assez impressionnant. 


Si ce n’est pas à Solenzo que j’en vois, c’est dans les villages des environs. La dernière fois, j'ai vu deux hommes avec leur dromadaire à kouka à 40km d’ici.Toujours impressionnant de s'imaginer le nombre de kilomètres qu'ils ont dû parcourir pour s

e rendre jusqu'ici.
En m’informant, on me dit que de plus en plus les gens ne sont plus nomades. Ils s’installent à un endroit et y demeurent. Cependant, quelques groupes peuls restent toujours nomades, mais se sédentarisent un peu… Par exemple, ils peuvent rester 9 mois à un endroit et ensuite bouger vers un autre endroit. L’idée est de suivre les saisons, les récoltes et les cours d’eau.
Pas besoin de se poser ces questions au Québec, tout nous vient directement sur la table ou à même le robinet. Est- ce qu’on est chanceux, chanceux ou non reconnaissant ?

samedi 6 avril 2013

Les accouchements de quoi? de brousse?



                                                                Le C.M.A de Solenzo

Laissez-moi vous brosser un portrait de mes deux derniers jours passés en maternité. Le médecin-chef de Solenzo, me réquisitionne pour venir les aider; au secours, les infirmiers (ères) sont en grève et l’absence du personnel est à l’apogée. Le personnel médical grève et se soutiennent, et oui, même en brousse. Les mesures pour revendiquer ce qu’ils veulent sont drastiques; personnel minimum, en fait, je devrais dire pas de personnel…En conséquence, le médecin-chef se retrouve avec la responsabilité du centre de soins de santé à lui seul. Bien évident que je ne peux pas les laissé tomber, je suis infirmière et peut donner un coup de main. Jeudi matin, je me présente à la maternité en sachant très bien qu’ils avaient besoin d’aide, en fait je devrais dire qu’elle avait besoin d’aide. La sage-femme qui est là depuis le matin, est seule (personnel minimum), normalement elles sont deux ou trois. Quatre femmes sont en travail, une arrive en ambulance pour anémie sur grossesse et à besoin de transfusion. Malheureusement, son groupe sanguin se fait rare 0 positif et aucun sang n’est disponible. Trois femmes accouchent durant la matinée. Vers 13h une nouvelle sage-femme qui pour la première fois met ses pieds dans le CMA (centre de soins de santé) doit rester seule. Souvenez-vous…personnel minimum ! Une chance que je sais moindrement comment la maternité roule sinon rien n’aurait pu fonctionner. La nouvelle n’a jamais fait d’accouchement depuis la sortie de l’école, même pas d’épisiotomie ou de suture. Deux femmes accouchent dans l’après-midi ou j’aurais dû dire, j’ai accouchée deux femmes dans l’après-midi. Et l’une des deux femmes à eu plus de complication, la tête du bébé ne passait pas, je vous laisse deviner la suite… !!
 À 17h30, la nouvelle me dit : « moi je pars, je suis supposée de partir à 17h » ! 
Je lui réponds : «  Quoi tu ne peux pas me laisser seule en maternité, je suis canadienne, étrangère, non burkinabé, non sage-femme et ne veut pas prendre la responsabilité de la maternité !!!
18h00 : Elle était déjà partie. L’homme qui accompagnait la femme qui fait une anémie sur grossesse vient de me dire qu’ils ont été faire une annonce à la radio, afin de trouver un donneur compatible. Fiou !
Vers 18h20, j’étais seule dans la salle d’accouchement avec une dame qui ne parle pas le français et le col est dilaté à 8… La dilatation est complète à 10 .  
18h30 : Dr, X , le médecin chef vient à ma rescousse. J’ai eu le temps d’enfilé un tablier, lunette, gants stérile et me voilà avec un autre bébé naissant dans les mains. Aleluia !
19h30 : Après tout cette aventure et cette bordélique journée. Je me retrouve à quatre pattes par terre en train de stérilisé du matérielle pour les prochaines accouchements avec le médecin chef. Qui aurait cru, un médecin chef en train de stériliser du matériel.  
Sept accouchements et je me disais qu’une chose : Merci dieu de m’avoir envoyé au Mali. J'ai pu apprendre lors des accouchements là-bas. Cet enseignement ne m’aura jamais été autant utile que ce jour-là.
19h45 : Un donneur qui a entendu l’annonce à la radio vient offrir son sang, pour la dame en question.
21h00 : une femme enceinte se présente au CMA. Un autre docteur arrive et je suis épuisée. Je quitte le CMA...enfin.

Brousse, brousse, brousse quand tu me tiens !

Il faut bien admettre que cette grève était assez intense. Elle est maintenant terminé et je peux vaquer à mes autres occupations de façon pénard. En temps normal. je ne suis pas là pour faire des accouchements, mais de voir les médecins se démener comme cela à cause d'une grève, je ne peux pas croiser les bras.

jeudi 4 avril 2013

Le manque de variété alimentaire une cause de la malnutrition?






Cette question me trotte dans la tête depuis mon arrivée à Solenzo, car en fait, je souffre moi-même d’un manque de variété alimentaire. À Solenzo, nous sommes loin des villes et du coup la nourriture que l’on peut se procurer est limitée.

Dans l’alimentation générale du coin, qui est en fait minuscule, je peux me procurer de l’eau, des œufs, des pâtes, des sardines et… pas grand-chose d’autre. Il faut attendre au lundi, le jour du marché, où je peux enfin trouver une variété restreinte de légumes comme des tomates, oignions, chou et concombres. En brousse, ce sont les aliments que l’on cultive dans la province que l’on peut se procurer, donc ce sont les fruits et légumes de la saison qui sont disponibles.

 Quant au fruit, aucun autre fruit n’est disponible pour le moment que les bananes. Vous devinerais donc que je mange beaucoup de banane ! Présentement, ce n’est pas la saison d’aucun fruit et c’est la saison qui fait pourtant le plus chaud. Comment fait-on pour survivre à 45 degrés sans manger de bons fruits ? Mes habitudes d’Occidentaux j’imagine…
 Bientôt les mangues et j’ai hâte, hâte !!
Étonnamment, je suis dans une province où l’on cultive et produit beaucoup de céréales. Cependant, les gens cultivent des céréales, seulement des céréales et encore des céréales. Ils cultivent le mil, beaucoup de mil. Cette céréale s’apparente au blé et il est possible de faire le Too et de la bouillit avec cette céréale; les deux repas les plus consommés au Burkina Faso. Quand je parle les plus consommés, c’est pour ne pas dire toujours ! Le matin c’est la bouillit non enrichit, il suffit de mélanger eau, farine de petits mils et du sucre pour donner un mélange ressemblant à du gruau. Pour le souper c’est le too avec une variété de sauce. Il y a sauce de Gombo, sauce de feuille de baobab, sauce de graine de coton, etc. Et oui on récupère même la graine de coton pour la manger… qui aurait cru ?
 La question ne se pose pas, pour le dîner et le souper,c’est le too voyons !
Deux repas avec si peu de nutriments ne suffisent pas à nourrir des enfants en pleine croissance. C’est la raison pour laquelle la démonstration culinaire est importante, afin qu’ils incluent dans leur bouilli des aliments nutritifs, autres qu’à base de glucide.
Je suis moi-même rendue une consommatrice abusive de too. Chaque jour, un bon repas de too avec une chaleureuse famille africaine est bien apprécié. Je m’étonne parfois à manger deux repas de too par jour. Mais pas trop souvent de féculents s’il vous plait !

Un autre phénomène existe aussi au Burkina. En fait, les gens qui cultivent, cultivent pour vendre et non pour consommer. Cela dit, les récoltes servent seulement à vendre et ensuite, l’argent qu’ils récupèrent servira à aller à l’hôpital. La roue tourne, elle tourne ! 


Cultiver-> TOUT vendre -> mauvaise alimentation -> propice à une dénutrition, infections… -> maladies contractées -> centre de soins de santé

C’est malheureux de tout vendre et de garder l’argent pour autre chose que la nourriture. Mieux manger = meilleure santé pourtant !
La malnutrition est une fâcheuse roue tournante. Je crois fermement que l’éloignement de Solenzo et le manque de variété alimentaire sont une cause de la malnutrition.

Ensuite un panier m’est tombé du ciel cette semaine. Un panier de fruits ; pleins de fruits. Un enfant qui vient de recevoir un cadeau pour noël, ils auraient dit ! En mangeant mes bons fruits comme papaye, mangue, orange, ananas, je me suis trouvée privilégiée d’avoir accès en tout temps à ces fruits dans mon pays au Canada. Sans ce posé de question, nous consommons de tous les fruits et ce à la longueur de l’année. Des fraises, framboises en hiver et des mangues alors que nous n’avons même pas de manguiers au Québec. Sans aucun doute, les fruits font partie intégrante de notre alimentation et sont recommandés par le guide alimentaire canadien. Dans le district de solenzo comment les fruits peuvent figurer sur le guide alors qu’il n’y a pas de fruit…pas de fruit ?  Maintenant, je mange de ses succulents fruits en compatissant avec la population de solenzo qui n’y ont pas accès ! Je dois d’ailleurs remercier Mme Lazure et M. Levesque pour ce panier de fruits dont je savoure pleinement.

Lisez et imprégné vous de ceci :

« Et un marchand dit : Parlez-nous d’acheter et de vendre. Et il répondit : A vous la terre concède son fruit. Et si vous savez en emplir vos mains, jamais plus vous n’éprouvez de besoin. C’est en échangeant les dons de la terre que vous connaîtrez l’abondance et serez satisfaits. Mais, à moins que cet échange ne se fasse dans l’amour et l’affable justice, il entraîne les uns à l’avidité et les autres à la faim. »
-Khalil Gibran-






Le marché, les lundis. Il est possible de se procurer légumes et tout autre condiment dont j'ai besoin pour ma survit ! Les gens partent de bobo-Dioullaso et de temps en temps, si je suis chanceuse, je tombe sur une dame qui vend des carottes.

 Le too, Miam.