Barrada signifie : le
travail en Dioulla.
Après près de quatre mois
d’effectif dans mon village de Solenzo, j’ai accompli avec succès, cette
semaine ma première formation sur la méthode F.A.R.N (foyer d’apprentissage et
de réhabilitation nutritionnel) dont j’ai intégré au C.R.E.N (centre de récupération
et d’enseignement nutritionnel) avec la collaboration de Jorie Larson . Cette
peace corps volonteer travaille ici à Solenzo dans le domaine de la nutrition
depuis bientôt 1 an. Les deux seules toubabous de la province des banwas donnent
une formation ! La méthode F.A.R.N est « une méthode d’intervention nutritionnelle qui commence la
réhabilitation des enfants mal nourris (6-36 mois) par leurs propres mères dans
le foyer d’une mère voisine et volontaire en utilisant les produits locaux
disponibles. ». En fait, c’est seulement une méthode différente
d’enseignement pour les agents du C.R.E.N et normalement, elle est employée
dans les communautés, sauf dans ce cas-ci. En règle générale, les agents donnent
de l’enseignement petit à petit aux mères qui sont présentes avec leurs enfants
mal nourris sévèrement, mais pas de façon formelle. Cette formation permet un
meilleur suivi des connaissances nutritionnelles chez les mères empêchant ainsi
les rechutes.
Pour ce faire, une cuisine collective sera réalisée tous les lundis à
chaque 2-3 semaines. On dit que les mères apprennent mieux en agissant et
c’est véridique. Lundi passé, nous avons débuté la première séance sur la
méthode F.A.R.N avec les mamans et leur bébé hospitalisé au C.R.E.N. Les mères
sont très réceptives à l’enseignement donné par les agents de santé. Je voyais
dans leurs yeux, un plaisir inédit à être assise là et partager leur
connaissance sur la nutrition. Je sentais qu’elle appréciait cette proximité
avec les agents de soins de santé. Ce qu’il faut savoir, c’est que
contrairement au Québec ,une hiérarchie s’installe entre le personnel de soins
de santé et les patients, ainsi que le personnel de soins de santé entre eux. Enfin !
Une méthode qui rapproche les deux mondes ? Quoi qu’il en soit, afin de
confirmer la nécessité de la formation, un outil de connaissance nutritionnel a
été élaboré et des questions leur seront désormais posées avant leur
départ à la maison. Suite à cette formation, il est possible de dépister
plus clairement les femmes qui n’ont pas compris certaines informations en
matière de nutrition. Je me questionnais beaucoup sur la réussite et la
participation de cette formation et de cette nouvelles approches au C.R.E.N.
Heureuse de constater que la participation autant du côté des mères qui demeure
au C.R.E.N, qu’aux agents de santé est présente, conviviale et à sa place.
Ensuite, j’ai appris une bien triste nouvelle, vous vous souvenez bien au
mois de février lorsque j’ai posté une photo d’une femme au C.R.E.N et bien son
petit bébé qu’elle portait au dos est décédé. Apprendre une triste nouvelle me secoue
certes, mais remet en perspective ce que je viens vraiment faire dans le fin
fond de l’Afrique. Si on s’engage c’est pour une raison, si on s’engage c’est
parce que de telles situations ne devraient plus jamais arrivée. Je ne suis pas
prête à dire qu’il y a une solution à ce problème et je suis même prête à dire
qu’il faudra sans doute des années avant que de telles situations n’arrivent
plus. L’accès au centre de santé, la disponibilité des alimentations, la pauvreté,
l’inaccessibilité à l’éducation sont d’abord des éléments primordiaux avant de
mettre « le plasteur sur le bobo ». Avant d’arrivée à un changement
des comportements socioculturels, il faudra que tous ai accès à l’enseignement,
aux soins… et il y a aussi l’argent, ha l’argent. On dit qu’il mène le monde,
mais ici il permettrait à une société de s’instruire et d’avoir accès à ce qui
est primordial à mon point de vue ; les soins de santé. Ce n’est pas un
manque de volonté de leur part ou encore bien une façon de s’assoir sur leur
laurier comme certain prétendre (malheureusement). C’est d’être née dans un
pays qui n’a pas eu autant de chance que le n’autres ? Pourtant la chance…
on tourne les dés et on gagne ou non. Est-ce une façon de dire que nous pouvons
garder le jack pot et ne rien laisser à notre voisin le plus démuni ? Je
vous fais réfléchir maintenant ? Si
certains osent, pensez-le contraire et bien il suffirait de les plonger dans un
brin de cette vie des plus humainement élémentaire. La réalité est que quoi
qu’il en soit en Afrique,il y a la faim et en Amérique, il y a l’obésité. Deux contrastes
foudroyants avec lesquels, je dois travailler au quotidien comme infirmière.
Comment sensibiliser l’un par rapport à l’autre …mon blog ?
C’est à ce moment même que je réalise l’importance et la cohérence d’un tel
projet : P.A.S.M.E qui est enfin selon moi un projet qui déploie des
efforts tangibles dans les provinces où les besoins sont réels. J’ose croire
que la panoplie de formations, de matériels donnés et de partenaire d’un tel
projet produise des résultats positifs. Revenons à nos moutons ; la
réussite de ce projet se fait petit à petit, mais il est vrai que les enfants,
femmes, hommes ne sont pas obligé de se rendre jusqu’au lycée pour comprendre
un brin de sensibilisation sur les thèmes tels que l’allaitement, la nutrition,
etc. Il ne faut donc pas la tête à Papineau pour comprendre tout cela. Alors me
voilà, ici et maintenant à travailler avec les moyens du bord pour une amélioration
et une compréhension commune de ces sujets dans les communautés par les
animateurs qui transmettre ces messages tant important soit-il ! Ça
commence comme cela et se poursuivra comme cela tant et aussi longtemps que les
besoins y seront présents. L’idée aussi n’est pas de travailler avec eux pour
eux, mais de travailler avec eux de concert avec eux.
Prochaine étape, formation des animateurs de REVS + sur les sujets traités
lors des sorties de sensibilisation dans la province des Banwas !! On s'amuse, use, use !